Campagne BioSWOT-Med : Interview d'Anne Petrenko

Les ADCP

 

Anne Petrenko est chargée de l'analyse des ADCP montés sur la coque et du déploiement des L-ADCP et FF-ADCP dans le cadre de la campagne BioSWOT-Med. Elle décrit ici le fonctionnement de ces instruments et leurs différences.

 

Anne Petrenko.

 

LES INSTRUMENTS DES OCEANOGRAPHES - Anne Petrenko est professeur à Aix-Marseille Université, à l'Institut méditerranéen d'océanologie. Elle est océanographe physique avec des compétences et des intérêts interdisciplinaires.

 

Quels sont vos intérêts de recherche en dehors de BioSWOT-Med ?

D'un point de vue scientifique, j'ai pendant un certain temps concentré mes recherches sur la circulation côtière, les gradients côte-mer, en utilisant des approches multidisciplinaires : données in situ, résultats de modélisation, satellite. Outre les courants, les données comprennent la température classique, la salinité, la profondeur, mais aussi toutes sortes de données optiques fournissant des informations sur le phytoplancton et les particules présentes dans la colonne d'eau. Je mesure généralement les courants à l'aide d'ADCP, comme décrit ci-dessous.

Dernièrement, avec notre doctorante Caroline Comby, et nos collègues Stéphanie Barrillon et Jean-Luc Fuda et d'autres, nous nous sommes concentrés sur le défi que représente l'estimation des vitesses verticales. Nous le faisons soit de manière théorique (avec des équations), soit par des mesures. Dans ce dernier cas, nous avons deux types d'approches : soit en utilisant un modèle de vol comme dans le cas du VVP, soit avec des ADCP à 5 faisceaux (ADCP avec un faisceau vertical spécial). Nous avons effectué ces mesures dans des régions à faible énergie (avec des vitesses verticales relativement faibles) afin de remettre en question nos résultats et nous cherchons également à mesurer ces vitesses dans des zones où les vitesses ascendantes ou descendantes sont plus fortes. L'objectif est ensuite de relier les résultats à la biologie et, dans le cadre du futur programme HOPE-VV (qui débutera à la fin de 2023), de les relier à l'exportation de carbone due au trichodermium dans le Pacifique Sud.

En dehors de la science, j'aime nager, marcher/randonner, chanter, lire, faire du yoga et enseigner le hatha yoga. Enseigner le yoga est complètement différent d'enseigner la science mais, dans les deux cas, c'est formidable de semer des graines ou, mieux encore, de voir des "plantes" pousser. J'aime vraiment enseigner, j'aime voir les gens/étudiants comprendre de nouveaux concepts. C'est peut-être lié au fait que je m'épanouis en apprenant moi-même de nouvelles choses. Je suis très curieuse, enthousiaste à l'idée de découvrir de nouvelles façons de penser. Je suppose que c'est pour cela que je suis un scientifique. Je ne m'ennuie jamais dans mon travail.

 

Dans le cadre de la campagne BioSWOT-Med, vous serez notamment chargé de l'analyse de l'ADCP monté sur la coque et du déploiement du L-ADCP et du FF-ADCP. De quoi s'agit-il et comment fonctionnent-ils ?

Un profileur de courant acoustique à effet Doppler (ADCP) est un instrument utilisé pour mesurer la vitesse du courant sur une certaine profondeur en utilisant l'effet Doppler des ondes sonores, renvoyées par les particules dans la colonne d'eau. Si un son est émis et qu'il y a un récepteur, l'effet Doppler consiste à ce que la hauteur du son augmente (diminue) lorsque la distance émetteur/récepteur se raccourcit (s'allonge). Plus la distance change rapidement, plus la hauteur du son change rapidement. Inversement, si l'on mesure la dérive de la hauteur du son par rapport à sa valeur initiale, on peut évaluer le déplacement relatif entre l'émetteur et le récepteur. C'est ce que nous utilisons avec les ADCP, en partant de l'hypothèse que les particules sur lesquelles le son est rétrodiffusé dérivent passivement avec les courants océaniques. Les vitesses, mesurées par le décalage de fréquence des ondes sonores rétrodiffusées, sont donc considérées comme des vitesses océaniques.

Ces ADCP peuvent être placés à un point fixe (par exemple sur un amarrage ou une structure océanique fixe), dans la coque d'un navire (ci-après appelé VM-ADCP pour ADCP monté sur un navire), attachés à une rosette CTD (appelé L-ADCP pour ADCP abaissé) ou à une cage en chute libre (appelée FF-ADCP).

 

Contact: Tosca Ballerini

 

En savoir plus

 

Jean-Luc Fuda, Caroline Comby, Anne Petrenko (de gauche à droite).