Campagne BioSWOT-Med : Interview d'Elvira Pulido

Haute fréquence et précision pour étudier la concentration en nutriments dans la mer Méditerranée

 

Elvira Pulido dirige le WP3 consacré aux nutriments dans l'océan. Elle décrit l'importance de la mesure de la concentration des nutriments dans l'océan - car ils contrôlent en fin de compte l'activité et la diversité biologiques - et la manière dont ils vont les mesurer dans le cadre de la campagne BioSWOT-Med.

 

 

LES THÈMES DE RECHERCHE : Elvira Pulido est une biogéochimiste marine qui s'intéresse de manière générale au cycle des nutriments à la surface de l'océan. Elle s'intéresse particulièrement à l'océan oligotrophe, où la rareté des nutriments limite l'activité biologique et où l'exportation de carbone dépend donc fortement de la disponibilité des nutriments. Actuellement, elle utilise des techniques très sensibles pour mesurer la concentration de phosphate dans l'eau de mer afin de mieux comprendre le cycle du phosphore dans l'océan de surface, en particulier en ce qui concerne les mécanismes impliqués dans l'approvisionnement en phosphate de la zone euphotique et la biodisponibilité du pool de phosphore organique. Elvira Pulido est chercheuse au CNRS et travaille à l'Institut méditerranéen d'océanologie (MIO) à Marseille, en France.

 

Dans le cadre de la campagne BioSWOT-Med, vous êtes responsable du WP3 consacré aux nutriments dans l'océan. Quelles sont les substances chimiques que vous allez mesurer ? Pourquoi est-il important de les mesurer dans l'océan ?

La disponibilité des nutriments peut en fin de compte contrôler l'activité et la diversité biologiques. C'est particulièrement vrai dans les régions océaniques pauvres en nutriments comme la mer Méditerranée. L'un des principaux objectifs de la campagne BioSWOT-Med est d'étudier comment et dans quelle mesure la dynamique océanique à petite échelle influe sur la distribution et les flux de nutriments. L'étude de la dynamique des nutriments au cours de la campagne BIOSWOT-Med doit relever deux défis : premièrement, la zone d'étude est caractérisée par de très faibles concentrations de nutriments et, deuxièmement, la circulation océanique à fine échelle provoquera des changements faibles (c'est-à-dire nanomolaires) et rapides de la concentration de nutriments. Ces deux défis seront relevés en effectuant des mesures de nutriments (nitrate, nitrite et phosphate) à la fois à haute fréquence et avec une grande précision.

 

La mer Méditerranée est qualifiée d'"oligotrophe". Qu'est-ce que cela signifie ? Quelles sont les différences avec d'autres mers/autres régions de l'océan ?

Le terme oligotrophe vient du grec oligos, qui signifie "petit" ou "peu", et trophe, qui signifie "nutrition". Les régions marines oligotrophes sont donc caractérisées par une faible concentration en nutriments et une faible productivité biologique en raison d'une stratification thermique plus ou moins prononcée qui délimite une couche de mélange chaude en surface. Elles couvrent jusqu'à 60 % de l'océan mondial, y compris des régions comme la mer Méditerranée et les grands gyres subtropicaux des océans Atlantique et Pacifique, et jouent un rôle clé dans la régulation du climat en assurant un tiers de la fixation totale du carbone marin. En outre, les régions oligotrophes s'étendent actuellement en raison de l'augmentation de la température de surface de la mer et de la stratification. L'étude du fonctionnement de ces régions est donc cruciale pour comprendre le rôle actuel et futur de l'océan dans la régulation du climat.

 

Contact: Tosca Ballerini

 

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