La nouvelle vague des océanographes : Robin Rolland

 

Interview de Robin Rolland - Doctorant en océanographie physique se concentrant aux interactions ondes internes-mesoéchelle et leur impact sur la cascade d’énergie

Robin Rolland a effectué sa licence SVT et son master de Sciences de la mer à Aix-Marseille Université. Actuellement il est doctorant à la Sorbonne Université au sein du LOCEAN.

 

SWOT AdAC : Quel est ton domaine de recherche et comment l’as-tu choisi ?

Robin Rolland : Je m’intéresse aux interactions ondes internes-mesoéchelle et leur impact sur la cascade d’énergie. C’est-à-dire, comment ces interactions modulent les transferts d’énergie entre des courants de différentes échelles spatiales. J’étudie cela autour du Canal de Sicile qui présente beaucoup de contraintes topographiques et bathymétriques. C’est aussi l’une des rares zones en Méditerranée où l’on retrouve de la marée de façon significative.

Je m’intéresserai également à cette question dans le bassin algérien, lieu de la campagne BioSWOT-Med à laquelle je participerai pour mesurer la turbulence aux échelles (déci)métriques.

Ce sujet m’a été proposé par mon directeur de stage de Master 2 Francesco d’Ovidio, coordinateur du consortium SWOT AdAC, ainsi que Pascale Bouruet-Aubertot et Yannis Cuypers, tous deux spécialistes des ondes internes. Le stage s’était bien déroulé et le sujet m’intéressait car il traitait entre-autres des fines échelles, bien que j’en savais peu sur les ondes internes à cette époque. J’ai donc choisi de défendre ce sujet auprès de l’école doctorale. J’ai pu découvrir tout un pan passionnant de l’océanographie physique.

 

SWOT AdAC : Quel est le lien entre ton domaine de recherche et SWOT ?

Robin Rolland : SWOT va permettre d’observer les courants océaniques qui ont une échelle spatiale de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres voire quelques kilomètres seulement. A ces échelles, le signal des ondes internes (de marée notamment) est significatif et se mélange avec celui de la dynamique équilibrée (géostrophique) de l’océan, déjà observable par satellite aujourd’hui.

Les interactions ondes internes-mesoéchelle auxquelles je m’intéresse se produisent aux échelles que SWOT pourra observer. On espère ainsi pouvoir tirer profit de ces données ainsi que de celle de la campagne BioSWOT-Med pour en apprendre plus sur ces interactions, et confronter les données de modèles avec les observations satellites et in situ.

Plus généralement, les connaissances actuelles sur les courants aux échelles que SWOT observera proviennent en grande majorité de modèles, mais on a peu d’observations pour valider ces connaissances. SWOT permettra de combler en partie ce manque. Pour les questions d’échange d’énergie auxquelles je m’intéresse, ces observations seront d’une grande utilité !

 

SWOT AdAC : Qu'est-ce qui te passionne à propos de SWOT et de la campagne BioSWOT-Med ? Comment vas-tu contribuer à la campagne ?

Robin Rolland : D’abord, c’est la percée que SWOT va permettre dans l’observation des courants de surface océaniques et la prouesse technologique qui le permet. Ensuite, c’est la quantité de projets et de sujets de recherches que SWOT a permis de stimuler des années avant son lancement. Il y a une véritable effervescence au sein de la communauté qui est très stimulante en tant que jeune chercheur.

En ce qui concerne la campagne, c’est une opportunité unique de pouvoir croiser des données de campagnes avec des données satellites à hautes résolutions à la fois spatiales et temporelles (1 à 2 passages du satellite par jour). Les données SWOT seront précieuses pour l’interprétation des données récoltées in situ, pour donner un aperçu plus large de la dynamique de surface de la zone échantillonnée. Plus généralement, une campagne est toujours une expérience unique !

Durant la campagne BioSWOT-Med, je m’occuperai des mesures de turbulence aux échelles (déci)métriques à l’aide d’un Vertical Microstructure Profiler. L’analyse des données de la campagne et des données SWOT fera partie intégrante de ma thèse.

 

SWOT AdAC : Quels sont tes projets après la campagne ?

Robin Rolland : L’analyse des données de la campagne premièrement. J’ai également d’autres projets en cours, notamment des analyses lagrangiennes dans le canal de Sicile. Actuellement, je finalise un premier article que j’espère soumettre avant le début de la campagne.

Concernant l’après thèse, je ne sais pas encore. Pour le moment, continuer dans la recherche me plairait bien mais je ne ferme aucune porte.

 

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