Laura IBBORA (MIO-MEB) soutiendra sa thèse en présentiel et par visioconférence le : Mercredi 7 Décembre 2022 à 13:00 (Amphithéâtre Océanomed)

Sur le sujet suivant : 

"Réponses des populations ichtyologiques face aux pressions anthropiques locales
dans un contexte de changement climatique"

Directeur : PHILIPPE CUNY, PROFESSEUR DES UNIVERSITES
Co directeur :  SYLVIE GOBERT, PROFESSEUR DES UNIVERSITES

Résumé de la thèse

La mer Méditerranée abrite une biodiversité marine importante avec un fort taux d’endémisme. Les poissons représentent 684 espèces dont 9,2 % sont endémiques. Outre le rôle nécessaire des poissons dans la dynamique trophique et les flux de matière et d’énergie au sein des écosystèmes marins, les sociétés humaines bénéficient également de nombreux services écosystémiques générés par les populations ichtyologiques. Cependant, la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes côtiers méditerranéens, sont parmi les plus touchés à l’échelle mondiale en raison de pressions anthropiques croissantes dont les impacts sont et seront amplifiés du fait des effets du changement climatique. Contrairement à la dynamique liée au changement global, les pressions anthropiques locales peuvent être identifiées et gérées plus facilement à l’échelle régionale. Pour cela, il est nécessaire de quantifier et d’évaluer précisément les impacts de ces pressions notamment sur la communauté ichtyologique. Dans ce travail les impacts sur la communauté ichtyologique de quatre pressions anthropiques, communes sur les littoraux méditerranéens, ont été étudiés dans la baie de Calvi en Corse (France) : les effluents de l’émissaire de la station d’épuration, une ferme aquacole, les activités de pêche récréative et, enfin, de plongée sous-marine. Les résultats indiquent que les rejets de l’émissaire n’induisent pas de modification de l’assemblage ichtyologique malgré un enrichissement local de la colonne d’eau en nutriments. L’aquaculture étudiée, influence la communauté ichtyologique sauvage en provoquant l’agrégation d’espèces conduisant à une augmentation de l’abondance totale et de la richesse spécifique à proximité des cages. Bien que l’effet agrégatif des cages soit avéré, le rayon d’impact est très limité spatialement. L’étude multi-approche menée sur la pêche récréative a permis de quantifier et de caractériser, pour la première fois, la population de pêcheurs locaux en Balagne. De plus, nos résultats révèlent que les pêcheurs embarqués récréatifs prélèvent annuellement 28 tonnes de poissons. De plus, notre étude a permis de mettre en évidence qu’environ 50 % des captures ne respectent pas la taille minimale de capture autorisée. Enfin, le travail conduit sur la pratique de la plongée sous-marine a permis de quantifier, pour la première fois, l’activité sur l’ensemble de la baie de Calvi, avec plus de 25 000 plongeurs recensés sur l’année 2019. Cette pression se traduit notamment par une pression sur l’habitat des populations ichtyologiques avec, en moyenne, 1 contact par minute des plongeurs avec le substrat. Les facteurs influençant le comportement des plongeurs ont également été étudiés. Afin de réduire l’impact des plongeurs sur l’habitat, une mesure de sensibilisation des plongeurs a été mise en place et testée. Enfin, bien qu’aucun changement majeur n’ait été relevé au niveau de l’abondance totale ou des indices de diversité, les abondances de trois espèces (D. dentex, E. marginatus et D. vulgaris) s’avèrent significativement réduites pendant/après le passage des plongeurs. De plus, le comportement du mérou brun face aux plongeurs a montré des variations en fonction de la taille de l’individu considéré avec un comportement de fuite marqué pour les individus de grande taille. Finalement, l’ensemble de ces résultats ont été discutés dans le contexte du changement climatique qui va induire une modification majeure des écosystèmes méditerranéens dans les décennies à venir. Cette thèse représente une avancée significative dans notre capacité à comprendre, prioriser et anticiper les impacts des pressions anthropiques locales sur les populations ichtyologiques côtières méditerranéennes et préconise des mesures de gestions qui devront être adaptatives en fonction des évolutions futures du changement global