Le mercure en arctique illuminé

La faune arctique contient des niveaux de mercure les plus élevés. La compréhension de l'Océan Arctique est essentiel pour comprendre les raisons, car le méthylemercure, une neurotoxine bioaccumulable, est formé à partir de mercure inorganique dans l'océan lui-même. Une nouvelle étude, publiée le 22 mars 2022 dans Nature Reviews Earth & Environment, révise le bilan du mercure dans l'océan Arctique1. Ces travaux constatent que le bilan révisé du mercure dans l'Océan Arctique (~1 870 tonnes) est inférieur aux estimations précédentes (2 847 à 7 920 tonnes), ce qui implique une plus grande sensibilité au changement climatique et aux émissions anthropiques. La sédimentation du mercure particulaire (122 ± 55 tonnes par an) des eaux de surface vers les sédiments du plateau continentale est le plus grand mécanisme d'élimination du mercure dans l'Océan Arctique. Le bilan révisé de l'Océan Arctique suggère que l'enfouissement du mercure dans les sédiments du plateau continentale (42 ± 31 tonnes par an) pourrait être sous-estimé de plus de 100% (52,2 ± 43,5 tonnes par an). Des chercheurs de l’université norvégienne de la science et technologie (NTNU), de l’institut norvégien pour la recherche pour l’eau (NIVA) et de l’institut méditerranéen d'océanologie (CNRS/Aix-Marseille Université/IRD/Université de Toulon) ont organisé plusieurs expéditions océanographiques en mer de Barents, jusqu'à présent seulement possible en été. Les premières observations pendent la nuit polaire, publiée le 18 Juillet 2022 dans Nature Geoscience, montrent une perte d'un tiers du mercure total entre l'été et l'hiver, et mettent en évidence un nouveau mécanisme d’enlèvement par le manganèse provenant des sédiments.  Aucun changement des concentrations de méthylmercure sont observées, probablement dues à une plus faible affinité pour les particules et à la présence d'espèces gazeuses (dimethylemercure). Les résultats mettent à jour la compréhension actuelle du cycle du mercure dans l'Arctique et demandent une réévaluation des budgets et des modèles en considérant l’aspect saisonnier. Le temps de vie du méthylemercure dans l’océan arctique est plus long (25 ans) que celui du mercure inorganique (3 ans), et cette étude suggérée des niveaux élevés de méthylmercure à l'avenir.

Bibliographie (étudiants encadrées souligné, personnel MIO en gras) :

1 A Dastoor, H Angot, J Bieser, J Christensen, T Douglas, LE Heimbürger-Boavida, M Jiskra, R Mason, D McLagan, D Obrist, P Outridge, M Petrova, A Ryjkov, K St. Pierre, A Schartup, A Soerensen, O Travnikov, K Toyota, S Wilson, C Zdanowicz. Arctic mercury cycling. Nature Reviews Earth & Environment 3 : 270-286 (2022).

 https://www.nature.com/articles/s43017-022-00269-whttps://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03619231

 

2 SG Kohler, LE Heimbürger-Boavida, MV Petrova, MG Digernes, N Sanchez, A Dufour, A Simic, K Ndungu, MV Ardelan. Arctic Ocean’s wintertime mercury concentrations limited by seasonal loss on the shelf. Nature Geoscience in press. https://www.nature.com/articles/s41561-022-00986-3

 

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Chercheur CNRS l Lars-Eric Heimbürger-Boavida l +33 6 30 26 65 44 l lars-eric.heimburger@mio.osupytheas.fr