Une évaluation mondiale du mercure pour les Nations Unies

En s’appuyant sur les travaux les plus récents, une équipe internationale comprenant un chercheur de l’Institut méditerranéen d’océanographie (MIO/PYTHÉAS, CNRS / Université de Toulon / IRD / AMU) a réalisé une nouvelle évaluation mondiale du budgets du mercure pour les Nations-Unies. Les activités humaines auraient conduit à une augmentation des concentrations de mercure dans l’atmosphère d’environ 450 % par rapport aux niveaux naturels (prévalant avant 1450) et à une augmentation moyenne des dépôts de mercure dans les océans et les sols de 300 %.

Tous les 5 ans, un comité scientifique produit une évaluation mondiale du mercure pour les Nations-Unies, le "UNEP Global mercury assessment". Ce document rapporte toutes les connaissances scientifiques actuelles sur le cycle du mercure à destination des décideurs politiques. Grâce à ces rapports, la Convention de Minamata a été signée par 128 pays en 2013 et est entrée en vigueur l’année dernière.

Un chercheur du MIO ; Lars-Eric Heimburger, a eu l’honneur de participer à l’édition 2018 qui va paraître très prochainement. Les scientifiques ont choisi de reproduire le chapitre "Updated global and oceanic mercury budgets for the United Nations global mercury assessment 2018" dans la revue "Environmental science and technology", publiée le 18 septembre 2018. Cet article passe en revue la littérature sur les émissions mondiales de mercure et présente des budgets révisés du mercure global et océanique.

Les chercheurs ont tout d’abord évalué deux scénarios concurrents sur les impacts de l’exploitation minière de l’argent dans l’Amérique du Sud, du XVIe à la fin du XIXe siècle, dont les chercheurs pensaient qu’elle pourrait être la plus grande source humaine de mercure atmosphérique de l’histoire. Prenant en compte la géochimie du minerai d’argent et les documents historiques sur l’utilisation du mercure, ils ont montré que la comparaison de ces scénarios avec les caractéristiques du mercure atmosphérique dans les archives environnementales permet de soutenir fortement un scénario de faibles émissions minières.

Budget mondial actualisé du mercure indiquant l’impact anthropique sur le cycle du mercure depuis la période préanthropogène (avant 1450). Les fourchettes (le cas échéant) sont indiquées entre parenthèses après les valeurs les plus probables. Unités de masse en kilotonnes (kt), flux en kilotonnes par an (kt/an).

S’appuyant sur ce scénario de faibles émissions de ces mines ainsi que sur d’autres travaux publiés, les chercheurs ont re-estimé le budget global du mercure. Le résultat indique que les activités humaines ont augmenté les concentrations de mercure dans l’atmosphère d’environ 450 % par rapport aux niveaux naturels (prévalant avant 1450). Les émissions anthropiques atmosphériques actuelles sont de 2,5 ± 0,5 kt/an.
Cette augmentation des concentrations de mercure dans l’atmosphère a entraîné une augmentation moyenne des dépôts de mercure de 300 % et une augmentation de la concentration en mercure des eaux marines de surface de 230 % et des eaux marines plus profondes de 12 à 25 %. L’augmentation globale du mercure dans les sols organiques de surface (15 %) est faible en raison de la grande masse de mercure naturel déjà présente du fait de l’altération des roches, mais ce chiffre varie d’une région à l’autre.
Les chercheurs ont enfin formulé des recommandations de recherche spécifiques pour réduire les incertitudes, notamment par une meilleure compréhension des processus fondamentaux du cycle du mercure et par l’amélioration continue des inventaires des émissions de grandes sources naturelles et anthropiques. Une meilleure compréhension des apports naturels tels que les sources hydrothermales est notamment prônée.
Source(s) :

Outridge P, R Mason, F Wang, S Guerrero, LE Heimbürger-Boavida. Updated global and oceanic mercury budgets for the United Nations Global Mercury Assessment 2018. ES&T 52 (20) : 11466−11477. doi.org/10.1021/acs.est.8b01246

Contact(s) :

- Lars-Eric Heimbürger, MIO/ PYTHÉAS
lars-eric.heimburger@mio.osupytheas.fr, 04 86 09 06 14